Le combat de Natasha
Une histoire de résilience et de chasse à l’ours!
(mis à jour le 19 juillet 2023) Il n’y aura jamais d’épreuves suffisamment fortes pour diviser les sœurs Gauthier. Au contraire, si on se fie à l’histoire de Valérie, notre ambassadrice Sportchief , et de sa sœur ainée Natasha, la maladie aura plutôt eu comme effet de multiplier l’amour qu’elles partagent l’une envers l’autre. Laissez nous vous raconter un chapitre à la fois sombre mais lumineux de leur récit de vie.
Récit Valérie & Natasha Gauthier
Un texte de Manon Rivard
Au moment de les rencontrer, nous sommes à quelques heures de leurs retrouvailles sur un terrain de chasse. En effet, Valérie et Natasha Gauthier doivent aller nourrir l’ours avec leur buffet stratégique : les produits Extrêmes C.G., de la moulée, du coulis pour ajouter beaucoup d’odeurs et du pain de la boulangerie Lacroix, un commerçant local dans laquelle Natasha a déjà travaillé et qui a insisté pour les encourager dans cette aventure.
Des semaines auparavant, les filles sont allées au champ de tir afin que Natasha puisse se refamiliariser avec une arme à feu. « Revoir le mécanisme d’une arme à feu, ajuster la carabine, se pratiquer à tirer, ne pas oublier de respirer calmement. C’était important d’avoir une petite mise à jour, parce que je ne veux pas non plus manquer le gibier quand il se présentera devant nous! », rigole-t-elle en disant avoir eu du mal à fermer l’œil après son passage au champ de tir, encore sur le coup de l’adrénaline.
Les deux femmes sont passionnées par la chasse et curieuses. Des traits hérités de leur mère, qui n’est pas peu fière de voir ses filles recommencer à chasser ensemble après plus d’une décennie.
« Avant on allait à la chasse ensemble. On aime autant ça l’une que l’autre. Natasha a mis la chasse sur pause pour différentes raisons familiales. », explique Valérie disant qu’aussitôt que sa sœur la savait partie à la chasse à l’orignal, elle recevait un texto pour savoir comment ça se déroulait pour elle et surtout, si elle avait récolté.
L’automne dernier, elle a toutefois reçu un message moins heureux de sa frangine. En effet, le 27 septembre 2022, on diagnostiquait à Natasha un cancer du sein hormono-dépendant de stade 2 à l’âge de 49 ans. « Quand je suis sortie du bureau du médecin, j’avais envie de pleurer. J’étais seule. Ce n’était pas le pire des diagnostics mais ce n’était pas le moins pire non plus. », se remémore-t-elle. En attendant l’opération pour une mastectomie partielle, le retrait de ganglions infectés et bien sûr, la chimio, les sœurs allaient se faire la promesse de monter un projet de chasse pour le printemps question de s’accrocher à quelque chose de positif. « Là, je me sens en pleine forme. Je suis confiante, mais néanmoins un peu stressée parce que ça fait plusieurs années que je n’ai pas pratiqué. Ça fait peur un animal aussi imposant. », récite Natasha expliquant qu’une fois devant l’animal elle sentira son cœur battre à mille à l’heure.
Affronter l’ours et la maladie
« Ma sœur est une personne travaillante, persévérante et courageuse. Elle est restée positive malgré la maladie et elle ne s’est pas laissée abattre. », explique Valérie Gauthier, fière de voir l’entreprise Sportchief, pour laquelle elle est ambassadrice, avoir accepté d’habiller sa sœur de la tête aux pieds aux mêmes couleurs qu’elle.
« C’est le bébé de la famille, s’exclame Natasha. Elle a un cœur grand comme ça, toujours prête à aider les autres. Mon diagnostic l’a beaucoup touché. Elle a pleuré plus que moi. »
L’ours, animal puissant et sauvage, peut être aussi effrayant que la maladie. Bien que, pour notre ambassadrice, la chasse soit sa drogue, elle ne s’en cache pas : elle a longtemps fait des cauchemars en pensant à l’ours. Au fil des ans, elle a appris à connaître les habitudes des ours puis a calmé ses peurs. « Je visualise ma sœur, en train de se préparer à abattre la bête telle une guerrière qui combat la maladie en ce moment. C’est un défi qu’elle va réussir, tout comme le fait de surmonter la maladie. », conclut elle.
Nos souhaits pour Valérie et Natasha
Nous écrivons ces dernières lignes alors que les incendies ravagent les territoires du Nord québécois. Normétal, la municipalité de Valérie, a été évacuée depuis plusieurs jours déjà. Elle a trouvé refuge dans un trailer aménagé et se trouve à une trentaine de minutes de sa résidence. Il y a toujours des interdictions d’aller en forêt mais néanmoins, les deux Gauthier gardent espoir : leur territoire de chasse est indemne et elles ont encore du temps devant elle pour réaliser leur projet commun. Après la maladie, et le feu qui se mêlent de leur plan, on ne peut que leur souhaiter de récolter deux bêtes question de doubler le plaisir!
Bonne chance les filles 😊
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Suite et fin de l'histoire
Nous sommes le 19 juillet 2023. Les filles vibrent toujours de leur expérience de chasse à l'ours. On se retrouve pour écrire la suite et la fin de l'histoire.
Les feux de forêt auraient pu mettre un terme rapidement à cette aventure qui s’est néanmoins conclue dans l’incertitude et l’attente. Parce qu’en plus de gérer émotivement parlant l’évacuation des gens de son village et les rendez-vous médicaux pour radiothérapie, Natasha craignait que son rêve de récolter un ours s’envole en fumée. C’est finalement la première publication de ce texte de blogue qui a attiré l’attention d’une amie de Valérie et qui a proposé de venir chasser dans son secteur protégé des flammes. Alléluia, il y avait enfin un peu d’espoir d’une conclusion heureuse à ce chapitre.
De retour en mode prédatrice
Les deux femmes ont dû retrouver leur élan et lors de leur toute première visite sur le terrain de l’amie, trois ours se sont pointé leur gros nez. Les deux premiers étaient trop petits et le plus gros s’est présenté au moment où la lumière n’était plus tellement favorable… à un bon cliché! « Natasha voulait de belles images de sa récolte pour avoir des souvenirs. Je me suis dit qu’elle voulait peut-être aussi étirer le temps avec moi dans la nature. », rigole notre ambassadrice Sportchief qui n’avait pas d’yeux suffisamment grands pour immortaliser le sourire de sa sœur et sa joie d’être là avec elle. Les jours suivants cependant, leur enthousiasme a été moins grand considérant la fumée dense et la qualité de l’air si mauvaise que les filles ont dû mettre sur pause leur projet commun.
La dernière chance
À quelques jours seulement de la fin de la chasse à l’ours, les caméras montraient encore beaucoup d’activités et elles s’encourageaient tant bien que mal : « Ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini! ». Le 28 juin, à 48h de la fin de la saison, Valérie et Natasha sont parties vers 15h30 avec leur artillerie et leurs espoirs. Deux heures après s’être installées, deux ours sont sortis. Les prédatrices attendaient le bon moment. « Je semblais calme et patiente, mais j’avais le cœur qui battait à vive allure », décrit cette dernière. Après une bataille des deux animaux qui a donné toute une scène à leurs spectatrices, Natasha a saisi l’opportunité et elle a tiré. Les deux se sont enfuis et les yeux dans les yeux attendant le verdict de ce tir, elles ont entendu le dernier cri de l’animal annonçant que le coup effectué était bien fatal. « J’étais tellement fière d’avoir fait un tir parfait pour ne pas faire souffrir l’animal. Mon passage au champ de tir en avait valu la peine », se remémore-t-elle l’œil humide.
Un doublé chanceux
Quelle ne fut pas la surprise des sœurs après un petit détour par le camion pour se préparer à récolter l’ours de voir qu’un autre s’était présenté au baril de nourriture et qui a fui en les voyant arriver. Est-ce qu’elles s’attendaient à ça? Non, pas du tout! Surtout qu’elles avaient fait pas mal de bruit. Valérie, qui a l’habitude de ce type de chasse n’en croyait tout simplement pas ses yeux. « On aurait dit que cette soirée était arrangée pour nous. L’action état au rendez-vous. », rigole-t-elle encore. Elles se sont remises en mode chasse, d’un coup que la chance allait leur sourire de nouveau, aussi parce qu’elles voulaient une belle fin à cette histoire, soyons honnêtes! Dix minutes sont passées, et un autre animal est arrivé puis les rôles se sont inversés. Valérie a fait tomber une deuxième bête à 25 pieds de l’autre, avec environ 45 minutes entre les deux tirs. « Ma priorité était de faire récolter Natasha et c’était mission accomplie. D’avoir aussi ma chance le même soir et qu’on ait la chance de vivre ça ensemble c’était comme un cadeau du ciel. », laisse tomber Valérie soulignant que malgré les obstacles sur leur route, elles y sont parvenues.
La morale de l’histoire
Laissons les mots de la fin à Natasha, belle guerrière qui reçoit au moment d’écrire ces lignes une série de 19 traitements de radiothérapie pour mettre fin au cancer du sein qui l’a affligé. « J’ai compris bien des choses à travers cette expérience. Le fait d’avoir un but devant moi m’a permis de regarder vers l’avant et de rester positive. Je me suis accrochée à la vie, motivée par ce projet avec ma sœur. J’ai eu tellement peur de ne pas y arriver avec les feux ou mes rendez-vous médicaux qui commençaient à remplir l’agenda. Néanmoins ça m’a démontré que malgré les obstacles, il ne faut jamais abandonner. Je n’ai qu’un mot : gratitude.» L’année prochaine, en espérant qu’il ne reste plus de traces de la maladie, Natasha rêve maintenant d’initier ses deux plus jeunes garçons de 8 et 10 ans à la chasse à l’ours. L’équipe Sportchief ne peut que lui souhaiter santé, succès et de nouvelles histoires folles à raconter!