Vivre l’expérience d’un coureur des bois: récit d’un trois jours de survie

Vivre l’expérience d’un coureur des bois: récit d’un trois jours de survie

Michel Tremblay, spécialiste de survie en forêt et passionné des grands espaces, partage ici le récit de l’une de ses expériences marquantes.

Sa passion pour la nature a pris racine dès son jeune âge, lorsqu’il a vécu sa première expérience de camping d’hiver à seulement 12 ans. Dans les années suivantes, il a traversé le lac Saint-Jean en raquettes avec un toboggan, bien avant que cela ne devienne une tendance. Auteur du site
Survie Boréale depuis 10 ans, il s’est donné pour mission de transmettre ses connaissances en techniques de survie et de sensibiliser les aventuriers aux réalités de la vie en pleine nature. Bien avant de lancer son blogue, il testait déjà de nombreuses techniques de survie en s’exposant aux éléments, une pratique qu’il poursuit encore aujourd’hui.

En plus de ses aventures en forêt, Michel a réalisé de nombreuses expéditions en canot et en kayak de mer, incluant le tour de l’île d’Anticosti, les grands réservoirs du Québec et la descente de nombreuses rivières. À travers ses récits, il met en lumière les défis, les erreurs et les leçons précieuses que seule une immersion totale en milieu sauvage peut offrir.

Explorez l’univers de ce passionné qui s’est lancé le défi de vivre en mode coureur des bois pendant 5 à 10 jours. Découvrez les défis d’une expérience de survie authentique. 


Une aventure immersive en mode coureur des bois

Pour cette expédition, Michel avait un objectif clair : vivre entre 5 et 10 jours en mode coureur des bois, une période où l’autonomie et l’ingéniosité sont mises à rude épreuve. Il a choisi cette période de l’année pour plusieurs raisons : la grosse chasse étant terminée, il n’y avait ni chasseurs mécontents ni risques de disputes sur un territoire de chasse. De plus, il pouvait encore chasser le petit gibier, pêcher le brochet jusqu’à la fin novembre, et tester son endurance alors que son corps n’était pas encore totalement acclimaté au froid grandissant.

Ce qui distingue une expérience de survie en forêt d’une expérience de coureur des bois, c’est la quantité d’équipement disponible pour faciliter le quotidien. Michel s’est donc permis d’emporter un peu plus de matériel pour maximiser son efficacité. Cependant, fidèle à l’esprit des coureurs des bois, il n’avait avec lui aucune nourriture, contrairement à ce qu’ils auraient emporté à l’époque, comme de la farine, du sel, du sucre et de la matière grasse.

Armé d’un fusil, d’une canne à pêche et de collets, Michel s’est lancé dans cette aventure sans provision alimentaire, se confrontant à la nature brute comme les coureurs des bois. Cependant, malgré son expertise, un détail inattendu est venu bouleverser ses plans, transformant cette expédition en une véritable leçon de survie.

Sécurité avant tout

Michel s’était assuré que cette aventure se déroule dans le respect des règles et avec toutes les mesures de sécurité nécessaires :

  • Tous les permis requis pour la chasse, le colletage et la pêche étaient en sa possession.
  • Lorsqu’il manipulait son fusil, il portait toujours un dossard de chasse, conformément à la réglementation.
  • Cette expédition étant une survie volontaire et non une situation d’urgence, Michel s’est assuré de ne rien outrepasser en respectant toutes les règles.
  • Il était équipé d’une antenne mobile satellite Strigo et d’une balise de détresse InReach pour rester joignable en cas de besoin.

Récit d’une aventure en trois jours

Jour 1 : Départ sur le lac

« Le matin du premier jour, je me suis lancé sans provisions alimentaires, avec pour seuls alliés mon canot, un fusil, une canne à pêche et quelques collets », explique Michel Tremblay. « Après environ deux heures de navigation, j’ai repéré une rivière prometteuse où j’ai décidé d’établir mon campement. L’endroit était parfait : à l’abri du vent, en bordure d’un lac, et avec une abondance de bois de grève pour entretenir un feu. »

L’après-midi fut consacré à la pêche, mais malgré ses efforts, Michel est resté bredouille. « C’était frustrant de ne rien attraper, mais j’ai décidé de ne pas me décourager et de tenter ma chance à la chasse avant la tombée de la nuit. » C’est là qu’il récolte une gélinotte. Quel soulagement de penser qu’il pourra se mettre quelque chose sous la dent : « Quand j’ai abattu cet oiseau, j’ai su que j’aurais enfin un repas digne de ce nom. »

 

Il prépare alors un repas simple mais nourrissant : des filets de poitrine sautés et un bouillon fait avec les restes pour le lendemain. « Avec les températures annoncées de -7°C pour la nuit, j’étais content de pouvoir compter sur un bon feu et un bouillon pour tenir le coup. » Cependant, le vent tourne durant la nuit, mettant à l’épreuve son abri sommaire fait d’une bâche de 3 mètres par 3. « Ce n’était pas parfait, mais j’ai quand même passé une nuit récupératrice », conclut-il.

Jour 2 : Premiers signes de faiblesse

« Au lever du jour, j’ai pris la décision de déplacer mon campement d’une cinquantaine de mètres pour mieux me protéger du vent », raconte Michel Tremblay. Après avoir allumé un feu et savouré un bouillon réconfortant préparé la veille, il consacre sa matinée à la pêche. « J’étais motivé à attraper quelque chose pour varier mon alimentation, mais encore une fois, rien ne mordait. La frustration montait. »

Face à ces échecs répétés, il choisit de se tourner à nouveau vers la chasse. « En début d’après-midi, j’ai abattu une deuxième gélinotte. C’était une victoire, mais je commençais déjà à sentir que quelque chose n’allait pas. » Peu après le déjeuner, les premiers symptômes apparaissent. « J’ai ressenti un mal de tête persistant, suivi de crampes abdominales violentes et de diarrhées. C’était un véritable coup dur pour mon moral et mes forces. »

Malgré tout, Michel s’efforce de continuer. Il prépare un dîner pareil à celui de la veille, soient des filets de poitrine et un bouillon. « J’espérais que ce repas m’aiderait à reprendre des forces, mais mon état ne faisait qu’empirer. Je me suis couché tôt, complètement affaibli, en espérant que la nuit m’apporterait un peu de répit. » Malheureusement, la nuit sera marquée par une faiblesse croissante qui remet en question la suite de l’expédition.

Jour 3 : Fin prématurée

« En me réveillant, j’ai immédiatement compris que mon état ne me permettrait pas de continuer », confie Michel Tremblay. « J’étais trop affaibli et la déshydratation devenait un risque sérieux. J’ai dû prendre la décision difficile d’interrompre l’expédition, même si ce n’était pas du tout ce que j’avais prévu. »

Après avoir plié son campement et rassemblé ses affaires, Michel entame le chemin du retour. « Chaque étape du trajet était un défi en soi : une heure pour ramasser mon matériel, deux heures de canot sur un lac enneigé, et encore deux heures en véhicule pour finalement rentrer chez moi. » Les conditions ne facilitaient rien. « La neige abondante, environ 10 centimètres, et la fatigue accumulée rendaient le parcours encore plus éprouvant. »

Malgré cet arrêt précipité, Michel garde un regard lucide sur cette expérience. « Ce n’était pas l’issue que j’espérais, mais c’est dans ces moments-là qu’on réalise à quel point la nature ne laisse aucune place à l’erreur. Chaque détail compte, et chaque décision peut faire la différence. »


Une aventure riche en apprentissages

Cette expédition, bien que plus courte que prévu, restera gravée dans l’esprit de Michel Tremblay comme une leçon marquante sur les défis de la survie en pleine nature. À travers ce récit, il nous rappelle que l’expérience, même vaste, ne met jamais à l’abri des imprévus et des erreurs. La gestion minutieuse des ressources, l’attention portée aux détails et l’écoute de son corps sont autant d’éléments cruciaux pour faire face à l’inattendu.

Le retour à la maison n’a pas été sans conséquences. Michel a mis six jours pour que son système digestif se remette entièrement de l’expérience. Pendant cette période, il n’avait mangé que de la gélinotte, et il avait bu de l’eau provenant de la maison. Il a aussi appris une leçon essentielle : l’importance de l’eau chaude pour laver ses mains et nettoyer ses accessoires afin de minimiser les risques d’intoxication. Ces détails simples, mais cruciaux, peuvent faire toute la différence en pleine nature.

« Chaque aventure est une opportunité d’apprendre, peu importe l’issue », affirme Michel. Ce témoignage, empreint de sincérité, illustre non seulement la dure réalité de la vie en forêt, mais aussi l’humilité nécessaire pour respecter la nature et ses règles.

Michel souligne que dans la nature, rien ne doit être laissé au hasard, et que les vêtements appropriés sont tout aussi essentiels que l’équipement technique pour garantir une expérience sécuritaire et enrichissante.

Pour ceux et celles qui rêvent de se mettre dans la peau d’un coureur des bois, ce récit est un rappel précieux : la préparation, la vigilance et l’adaptabilité sont les meilleures armes pour transformer une immersion sauvage en une expérience mémorable et enrichissante. 


Questions et réponses : l’expérience coureur des bois au Québec

Qui peut participer à une expérience de type coureur des bois?

  • Cette activité s’adresse aux passionnés de nature, munis d’une bonne préparation physique et mentale, ainsi que des connaissances de base en survie.

Quels équipements sont essentiels pour une telle expédition?

  • Un fusil, une canne à pêche, des collets, une bâche pour l’abri, et des outils de base comme un couteau ou un allume-feu sont incontournables.

Quelles précautions prendre pour éviter l’intoxication croisée?

  • Toujours laver soigneusement les outils de préparation alimentaire, cuire les viandes à point et surveiller la gestion de l’hygiène en campement.

Où au Québec peut-on vivre une expérience coureur des bois?

  • Les zones éloignées et riches en biodiversité, comme les Laurentides ou la Mauricie, offrent des conditions idéales pour une immersion en pleine nature.

Prêt à relever le défi et marcher sur les traces des véritables coureurs des bois? 🌲


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