Ayant décidé de me lancer dans la chasse à l'ours il y a quelques années, j'ai depuis accumulé plusieurs conseils d'amis, ainsi que ceux de professionnels chevronnés dans ce domaine. Leur expérience combinée m'a permis de récolter une mine d’astuces précieuses, voire essentielles pour aborder cette aventure avec succès. Voici ma "récolte" de conseils de pro pour la chasse à l’ours.
Signature: par Valérie Gauthier, ambassadrice Sportchief et Ecotone
- Bien cibler les endroits pour les sites d’appâtage
Dan Lavoie, conférencier et guide de chasse, qui chasse depuis 25 années et organise des expéditions de chasse à l’ours depuis 12 ans, ajoute qu’il est important de faire un bon repérage afin de s’assurer qu’il n’y a aucun autre chasseur dans un rayon de 3 km. “Si les sites sont trop proches l’un de l’autre, un même ours va aller se nourrir aux 2 sites d'appâtage donc il divise par deux la présence sur votre site.”, explique-t-il en rappelant que le 3 km peut varier en fonction de la topographie du secteur. Par exemple, si un très grand lac se trouve à proximité, on peut diminuer le 3 km puisque jamais l’ours va traverser à la nage.
D’ailleurs, Dan Lavoie ne chasse jamais sur un nouveau site la première année. Pour lui, il y a une phase d’étude avant de passer en mode chasse: “J’étudie le potentiel et les habitudes du gibier. De cette façon, je peux facilement voir les sentiers laissés par les ours lors de leurs allers et venues. Par la suite seulement, ont choisi notre emplacement pour y installer notre affût. De cette façon on s’assure de ne pas être proche de leur sentier ce qui pourrait nuire aux habitudes de notre gibier en détectant notre présence pendant les périodes de chasse.”. Ensuite, il va préconiser 100% du temps un sentier pour aller appâter et un autre sentier pour aller au mirador (affût). “Les expériences du passé m’ont démontré que dans une bonne majorité du temps, les ours vont même capter une odeur de pas au sol qui les dirigent vers le mirador. Voilà pourquoi je vais privilégier deux sentiers pour éviter des mauvaises expériences dans le site d’affût.”
- Établir une routine
Commencez tôt en début de saison à alimenter vos sites d’appâtage afin de profiter du fait que les ours sont plus actifs après l’hibernation et cherchent de la nourriture. Soyez régulier sur vos heures d’alimentation du site, puis essayez de toujours faire le même procédé ou bruit, ils s’habituent à vos présences régulières et au son laissé sur place. Par exemple, les chasseurs du Big Boys Outdoors expliquent: “N’hésitez pas à faire le même rituel avec des bruits reconnaissables, comme frapper sur votre baril avant de quitter les lieux.”.
- Leurres et nourritures
Les leurres olfactifs sont de bons moyens pour attirer les ours au site d’appâtage étant donné leur odorat très aiguisé, leur nez va facilement le conduire sur place. Alimentez vos sites régulièrement et notez qu’ils ont le bec sucré. L’utilisation de popcorn, pain moulé et de coulis sucrés sont d’excellentes suggestions. Veillez à utiliser des leurres olfactifs longue distance afin d’attirer les bêtes vers votre site, recommandent les Big Boys Outdoors.
C’est aussi l’un des meilleurs conseils dicté par Dan Lavoie: “L’odeur est votre meilleur outil. Les ours sont facilement déjouable de part leur estomac. Ils sortent d’hibernation, et ils ont mangé quelques végétation afin de faire déclencher leur processus intestinal. Ils sont donc à la recherche de nourriture activement. Peu importe la nourriture que vous utiliserez, pour décoller un site d'appâtage, mettez le paquet côté odeurs. Beaucoup d'odeurs!”, insiste-t-il. Il va même jusqu’à faire des lignes d’odeurs en véhicule tout terrain (VTT), le long des chemins ou sentiers de VTT sur de bonnes distances (environ 1 km). Pourquoi? C’est bien connu, les ours adorent emprunter les réseaux routiers forestiers ou les sentiers à la recherche de nourriture. S’ils captent votre ligne d’odeur, ils arriveront inévitablement à votre site. “Également, plus tôt les ours découvriront votre site, plus les visites seront régulières et la plupart des ours résident dans un rayon de 2 à 4 km carrés. Une fois qu’un spécimen intéressant y seras régulier, vous voilà rendu à aller chasser.”, laisse-t-il tomber.
Attention cependant de ne pas laisser le site sans nourriture pendant plus de 3 à 4 jours, parce que les ours partiront à la recherche de nourriture ailleurs!
La fille de Valérie Gauthier, notre ambassadrice, fière de sa récolte.- Ciblez le meilleur emplacement des miradors
Lorsque vous choisissez l’emplacement de vos miradors pour la chasse à l’ours noir, il est important de tenir compte des vents dominants. Afin de minimiser vos propres odeurs, placez votre mirador de manière à ce que le vent transporte votre odeur dans une direction opposée à celle où vous avez mis le baril.
Les vents de derrière sont risqués. Si vous choisissez de chasser avec un vent provenant de derrière vous, je vous suggère de créer une ligne d’odeur entre vous et le site nourricier avec des leurres olfactifs pour essayer de déjouer leurs attentions car l’ours peut facilement vous détecter. La meilleure solution demeure, selon moi, de s'abstenir de chasser lorsque les vents proviennent de derrière vous afin d’éviter de rendre les gibiers craintifs.
"La base qu’il ne faut pas minimiser, plaide Dan Lavoie, est de demeurer un chasseur éthique avec un tir propre et non téméraire, qu’importe s'il s'agit de chasse à l’arme à feu, à l’arbalète ou à l’arc."
- Contrôlez vos odeurs lors de la chasse à l’ours
L’odorat de l’ours noir est extrêmement développé, il est donc crucial de minimiser votre odeur humaine. Utilisez des produits désodorisants spécialement conçus pour neutraliser les odeurs que vous pourriez avoir. Évitez tout parfum. Lavez vos vêtements avec des détergents sans odeur et idéalement suspendez ceux-ci à l’extérieur pour sécher. Pendant vos déplacements en forêt, essayez de minimiser aussi le contact avec la végétation afin de réduire le transfert d’odeurs. Mettez toutes les chances de côté.
- Préparation et équipement
Assurez-vous d’avoir tout l’équipement nécessaire, des vêtements de chasse adaptés, silencieux et avec un camouflage pour bien vous dissimuler. Veste ou cagoule à moustiques, dossard, gants, casquette, etc. Une arme appropriée et bien ajustée avant de passer en mode chasse.
- Caméras de surveillance
L’utilisation de caméras de surveillance peut être un outil utile. Placées dans des zones spécifiques comme dans les corridors de déplacement du gibier ou directement au site nourricier, elles vont assurément vous aider à identifier le gibier potentiel et l’heure de ses déplacements pendant votre absence. Cela peut vous être bénéfique pour la récolte des informations pour vos stratégies de chasse. Les Big Boys Outdoors ajoutent qu’il est important de choisir une caméra avec une bonne qualité de vidéo pour bien identifier les ours qui visitent le site. “Vous serez ainsi en mesure de remarquer une particularité de chaque individu et ainsi établir vos objectifs de chasse en conséquence.”, dictent-ils.
- Période d’activité
Les ours sont généralement plus actifs à l’aube et au crépuscule, donc chasser pendant ces périodes peut augmenter vos chances de repérer un beau gros mâle. Les jours ensoleillés peuvent rendre la chasse plus difficile car les ours sont moins actifs. En revanche, les jours nuageux ou pluvieux sont souvent payants.
- Barils d’appâts
L’utilisation de barils d’appâts est nécessaire, peu importe le modèle. Je vous suggère de les attacher à un arbre ou un ancrage solide pour éviter que le gibier ne le déplace en forêt. Les barils sont souvent verrouillés pour empêcher l’ours d’y accéder trop facilement. Laissez seulement quelques petites ouvertures pour que l’ours puisse s’alimenter. Près du baril, vous pouvez déposer des liquides comme du coulis pour augmenter vos visites, l’odeur laissé sur les pattes du dernier ours risque d'attirer d’autres individus.
- Préparation mentale
La chasse à l’ours peut exiger de longues heures d’attente sans ne rien voir. Il est important de se préparer mentalement à cette attente et d’être concentré sur l’objectif final. Donc patience et bonne chasse!
Le dernier conseil et non le moindre, que nous recommandent les Big Boy Outdoors? Soyez patients! “Ne vous découragez pas si vous observez seulement des femelles et des jeunes mâles en début de saison. Les femelles qui fréquentent régulièrement votre site attireront les mâles matures lors de la période d’accouplements.”